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Quelques réflexions sur Into the Wild

 

 

 

Nous avons tendance à penser que l’homme admet des limites, universelles du point de vue de l’espèce et en même temps particulières à chaque individu. En effet, nous pensons que chaque être est figé par ce qui lui est propre, comme par exemple la taille de ses membres, ses 5 sens, ou encore ses connaissances en tant qu’être fini, donc ni omniscient, ni omnipotent. Ainsi, si nous considérons seulement l’homme dans sa nature physionomique ou culturelle ou encore dans son niveau intellectuel en tant qu’être éclairé, nous supposons que l’homme ne peut se dépasser, qu’il ne peut donc plus se fixer ni fins ni buts afin de les atteindre puisqu’il n’y arrivera jamais de toutes les manières. Il s’agit ici d’une double question posée celle de la liberté de l’homme, en tant être qui agit pour sortir de sa zone de confort, et de la surhumanité : l’homme en tant qu’être universel, cherche une autre figure de l’humanité que celle qui lui est proposée, déjà cheminée et tracée.En effet, à force d’être enfoui dans une société où autrui nous fige dans ce que nous sommes, il nous objective sans cesse, cela nous ramène a penser que tout ce que nous faisons est limité et qu’il ne peut être amélioré encore plus qu’il ne l’est déjà, parce que l’homme fond dans la masse, sans public, il ne peut se rendre compte que ce qu’il pense ou ce qu’il juge est bon , vrai ou original ou pas car il ne fait que suivre ce que font les autres. Or, l’homme a tendance à se comparer, à tenter de ressembler aux autres, à ceux qu’il pense être les meilleurs, il veut donc les atteindre et même les dépasser, or cette rivalité ne serait-elle pas un moyen de remise en cause des limites de l’homme lui-même ?En effet, le jeune adulte de 18 ans dans le film Into the wild décide de quitter son milieu familial qu’il ne peut plus supporter puisqu’il a pu y faire l’expérience du mensonge à travers les dires et les faits de ses parents. Ces derniers considèrent que Richard est suffisamment faible pour ne pas accéder à la vérité. Mais alors, comment établir une relation humaine avec ses parents s’il n y a plus de relation de confiance qui existe entre eux ? Richard répond à ce questionnement en partant. On suppose alors qu’il fuit, enfin nous ne pourrions l’affirmer puisque il ne s’agit pas de personne moral ou physique ou même une passion qui le menace. Ce dont nous sommes surs cependant, c’est qu’il s’engage dans une vie en pleine nature, où il jouirait d’une liberté sans fin loin des normes sociales, les produits de l’industrialisation, et surtout d’autrui. Il explore en quelque sorte, ses limites. Il en arrive à revenir à l’état primitif de l’Homo sapiens qui vivait en chassant les animaux autour de lui et se nettoyait dans les sources d’eau naturelles. Certes, ce choix de vie n’est pas accessible à tous, il suppose un bon état de santé, de bonnes conditions physiques et c’est pourquoi on penserait que chaque homme aurait ses propres limites. Mais ici celles du personnage pourraient s’appliquer a tous les hommes sur terre, dans la mesure où nous sommes tous engloutis dans la société de consommation, à l’uniformisation culturelle et le fruit du libéralisme économique. Ces fléaux dont on ne peut s’en sortir que par la réflexion. En effet, Richard, en quittant le foyer familial, la famille nucléaire « parfaite », il se conduit. Cet acte libre s’affirme par le désir de la connaissance de soi qui habite en lui. Rappelons que ce jeune homme, qui avait devant lui un avenir socialement et intellectuellement prometteur, est à la recherche d’une autre manière de vivre. Ce désir de la vérité prend ses racines depuis son enfance et qui est alimenté par les déterminismes sociaux actuels. Et, s’il est tout intense c’est parce qu’il est lié à l’intérieur de richard, autrement dit, de sa conscience. Richard cherche à se connaitre lui-même, et ce savoir de soi, ne peut lui être fourni que par son retour à la nature où l’individu est seul. Ce film serait donc une sorte de réveil, une alarme face à notre condition d’homme qui se perd et tend à disparaitre au beau milieu du conformisme. L’homme n’est plus individu conscient de ses actes et surtout possesseur de désirs dont la satisfaction le mènerait au paroxysme de sa joie mais un être social, un être collectif. Le film ITW, supporte également l’idée que ce jeune garçon qui s’en va dans la nature, peut survivre sans l’autre, parce qu’il penserait que c’est la présence d’autrui qui le cloitre et l’empêche d’être libre, autrement dit qui le diminuerait. Cette morale nietzschéenne est remise en cause, puisque le personnage tout au long de son voyage jusqu’en Alaska, fait des pauses pour se ménager et côtoie de nouvelles personnes à chaque fois qui l’aident dans son long périple. De plus, lui-même s’il se veut réticent face à ces personnes, il ne peut s’empêcher de s’y attacher (notamment le couple du camping car qui l’héberge quelques jours) et cela nous fait rebondir sur l’idée que tout être a besoin d’autrui, d’une présence humaine, ne serait ce que pour pouvoir développer ses facultés les plus primaires comme le langage. Cette sociabilité qui est soutenue par Spinoza, semble être inéluctable dans ce film, d’autant plus que le personnage en souhaitant atteindre son bonheur par ce nouveau mode de vie, prend conscience au final que « le bonheur est réel quand il est partagé », donc l’homme ne peut vivre heureux seul, sinon il ne pourrait se dépasser pour affirmer ses choix puisqu’il n’aurait pas de public sur lequel il réfléchirait ses opinions pour juger de leur véracité. Dans le film, il y a d’un côté l’appel de la nature, de l’autre les signes d’autrui, les petites choses pudiques et profondes. La nature est massive et monolithique, le monde humain est troué. (Mr.Luquet)

 

Fatma Hamdoun

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